La plupart des chamanismes, comme la plupart des médecines traditionnelles du monde, considèrent l’être humain comme d’emblée en relation au monde.

Dans un article de 2009, Stanley Krippner, anthropologue émérite américain, soulève quelques parallèles évidents entre la pratique occidentale de l’hypnose et le chamanisme traditionnel de différentes régions du monde.

J’aurais voulu pouvoir nommer cet article : « les dix clefs pour regagner confiance en soi ». Vous et moi aurions trouvé cela très attrayant, mon algorithme aurait été ravi, bref, tout le monde aurait été content.

Dans le pack audio « Les problématiques - Confiance en soi », il s’agit au fond de confiance tout court.

Lorsque j’ai reçu, il y a quelques mois, la demande de traiter la question de la confiance en soi par l’hypnose dans le cadre de mes programmes audio, j’étais, je dois l’avouer, un peu partagée.

C’est quoi, l’hypnose ?

À cela, il m’arrive de répondre : retrouver la part animale.

Je m’explique :

La transe (par cela j’entends, toute forme de transe) nous invite à un remaniement des perceptions sensorielles, psychiques, intuitives. La transe nous déplace en profondeur et nous fait accéder (sans nous y placer de force, du moins pour la transe hypnotique) à la part de nous qui ne réfléchit plus consciemment, mentalement, mais à cet autre part. Quelle est-elle ?

Hypnose-intuitive… le nom m’est venu tout naturellement, comme s’il m’attendait sagement depuis quelques temps, dans un coin du salon. Au premier abord, je n’ai même pas su pourquoi ce nom. Et puis, quelques nuages se sont dissipés et j’ai mieux compris.

Pourquoi avoir mis l’accent sur l’intuition ?

Pourquoi avons-nous peur du mot transe ?

Peut-être parce qu’il évoque, dans notre imaginaire collectif occidental, un mélange de convulsions, d’attitudes extrêmes, d’émotions fortes et de prise de contrôle sur son esprit par un gourou quelconque. Peut-être avons-nous en tête certaines images d’exorcisme, de transes chamaniques violentes, et qu’il nous est d’emblée difficile de nous détendre à son évocation.

Voici les mots de Terence Mckenna qui résonnaient encore hier en moi, alors que je m’étais plongée plusieurs jours d’affilée dans ses conférences audios :

“ Intuition, how does it work ? Well, it’s a feeling into things, that comes to answers, and leaves no trail. ”

Autrement dit : l’intuition est « un sens des choses », qui mène à une réponse, mais ne provient pas d’un chemin.

Pour entendre ce que François Roustang, grand hypnothérapeute et philosophe récemment disparu, associait à la notion d’intuition, il nous faut remonter à l’expression de « magnétisme animal ».

Le magnétisme animal nous vient du médecin allemand Franz Anton-Mesmer, qui postulait l’existence d’un fluide énergétique universel, dont il était possible de faire usage thérapeutique. Nous sommes alors en 1773…

« L’obstacle à l’intuition, c’est la peur d’être seul. Agir sans raison, penser sans raison, c’est-à-dire sans l’aval d’autres personnes qui font comme toi. L’obstacle à l’intuition, c’est ne pas oser penser par soi-même, agir par soi-même. » - Franck Lopvet 

Suivre une intuition peut être effrayant…

Imaginez. 

Vous naissez, un petit animal humain fait d’énergies, d’émotions, de pulsions et de vibrations. Un tourbillon de vie, un petit morceau du cosmos, un corps pensant. 

Puis vous grandissez, et déjà, les codes humains vous sont appris. Comment l’on mange, comment l’on sourit, comment l’on limite ses vocalises dans certaines circonstances.  

Faut-il se demander à soi-même de toujours savoir où l’on va ?

Je me rappelle de cette personne qui me disait, en séance, qu’elle n’avait pas vraiment fait de choix dans sa vie et qui s’en désolait. Tout semblait s’être déroulé de lui-même. Comme un chemin tracé dont elle suivait la route.

Dans La peau de chagrin, Balzac en 1831 nous parlait de l’intuition comme ce « pressentiment qui nous fait deviner ce qui est ou doit être ».

Le mot intuition, dans son étymologie latine, nous vient de intuitio, qui prenait étonnamment le sens de « vue, regard », et lui-même dérivé de intueri : « regarder attentivement; avoir la pensée fixée sur ».